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Les 80 ans du film « Les Enfants du paradis »

Publié le 8 mars 2025

« Je me demande pourquoi les honnêtes gens s’obstinent à écrire des histoires de brigands »

Jacques Prévert avec le réalisateur Marcel Carné

En 1942, Jacques Prévert et Marcel Carné peinent à monter un nouveau film face aux restrictions imposées par la seconde guerre mondiale. Lors d’une balade à Nice, ils croisent Jean-Louis Barrault. Le comédien leur raconte l’histoire du mime Deburau. Toujours silencieux, il attira la foule le jour de son jugement pour le crime d’un ivrogne qui avait insulté sa femme : le Tout-Paris accourut pour entendre sa voix !

Carné et Prévert sont séduits : le réalisateur par l’opportunité de mettre en scène le Paris du XIXe siècle et le scénariste par celle de faire revivre l’un des contemporains de Deburau, le poète-assassin Lacenaire.

« Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment, comme nous, d’un si grand amour »

Au printemps 1943, après s’être abondamment documenté au musée Carnavalet, Marcel Carné s’installe dans le Sud pour travailler sur le film avec Jacques Prévert au scénario, Alexandre Trauner au décor, Joseph Kosma à la musique et Mayo au costume.

Pour l’interprétation du film, Prévert et Carné choisissent Arletty dans le rôle de Garance, Maria Cassarès dans celui de Nathalie, Pierre Brasseur dans celui de Frédérick Lemaître, Louis Salou dans celui de Lacenaire, Marcel Herrand dans celui du comte de Montray… et bien évidemment Jean-Louis Barrault dans le rôle de Deburau.

Légende photo : Alexandre Trauner, Jacques Prévert et Pierre Brasseur à l’auberge du Prieuré des Valettes pour la préparation des Enfants du paradis

Alexandre Trauner, Jacques Prévert et Pierre Brasseur à l'auberge du Prieuré des Valettes pour la préparation des Enfants du paradis

L’histoire du film est la suivante : en 1828, sur le Boulevard du Crime à Paris, le mime Baptiste Deburau sauve Garance d’une erreur judiciaire par son témoignage muet. C’est ici que commencent les amours contrariés de Garance, femme libre et audacieuse, et de Baptiste, homme timide qui n’ose lui déclarer sa flamme. Autour d’eux, d’autres destins se croisent : la douce Nathalie amoureuse de Deburau, Frédérick Lemaître, un jeune acteur passionné par le théâtre, et Lacenaire, le truand énigmatique aux allures de grand seigneur.

Jean-Louis Barrault et Arletty dans le film Les Enfants du paradis
Légende photo : Baptiste Debureau (Jean-Louis Barrault) et Garance (Arletty)

« Ne dites pas non, vous avez souri »

Le tournage commence en août 1943 aux studios niçois de la Victorine mais il est vite interrompu à cause de la guerre. Le tournage recommence en novembre dans les studios parisiens de Pathé pour les décors intérieurs. Marcel Carné obtient l’autorisation de revenir à Nice pour terminer son film. Mais les décors extérieurs ont été détruits par une tempête. Suite à ce nouveau contretemps, le tournage ne reprend qu’en février 1944.

Par la suite, c’est Carné qui retarde délibérément le montage du film « afin qu’il soit présenté comme le premier film de la paix enfin retrouvée ». Les Enfants du paradis sort après la Libération, le 14 mars 1945.

Les Enfants du paradis rencontre un grand succès en France et à l’étranger. Jacques Prévert est même nommé dans la catégorie du meilleur scénario aux Oscars. Au fil des années, ce film sera régulièrement reconnu comme l’un des chefs-d’œuvre du cinéma français.

Légendes photo : Frédérick Lemaître (Pierre Brasseur) et Lacenaire (Marcel Herrand) / Le mime Debureau (Jean-Louis Barrault) et son épouse Nathalie (Maria Cassarès) / Lacenaire (Marcel Herrand) et le comte de Montray (Louis Salou)